LE
VOILE DES MUSULMANES
Daniel Paquet
« Tu mentionnes Fairouz dans
ton article, c’est un clin d’œil que tu me fais », s’interrompt tout d’un
coup M. Char, en lisant mon exercice quotidien.
Nous étions en 1996 au Département des communications de l’Université du
Québec à Montréal (UQAM), où Antoine Char m’enseignait le métier. Il est journaliste libanais d’origine, mais
tout à fait québécois de culture.
- Mais qui connaît cette chanteuse, ici? Me rétorque-t-il? Il aurait fallu étoffer ton papier.
Aujourd’hui, je connais mieux mon sujet.
Fairouz, c’est comme Céline Dion; en fait, elle est la plus grande
chanteuse vivante du Moyen-Orient et du monde arabo-mulsulman. Vous voulez l’écouter, mais vous pouvez le
faire au moyen d’Internet. Sélectionner
« you tube Fairouz 2010 »
et vous serez bercés par
une voix chaude et mélodique.
« Habibi », elle parle d’amour. À l’issue de la guerre du Liban, sa mère-patrie,
elle avait chanté devant 100 000 personnes dont les opinions avaient
creusé bien des tombes encore quelques mois auparavant.
(Photo Internet : Fairouz)
Si vous habitez Montréal, vous
pourrez rencontrer des centaines d’immigrants d’origine maghrébine ou du Moyen-Orient, parmi lesquels des Palestiniens
qui se feront un point d’honneur de vous parlez de la diva libanaise. Non seulement elle a révolutionné les mœurs
(elle ne porte pas le voile), mais encore elle a introduit dans sa musique
beaucoup d’instruments occidentaux. Elle
chante même sur des airs de musique classique européenne.
Donc, elle ne porte pas le
voile… Ce n’est pas de la provocation ou
par esprit de contradiction. D’ailleurs,
les musulmanes pratiquantes qui portent le voile ne sont pas généralement des
ilotes, sous la férule de « mâles » rétrogrades. Lors d’un voyage à Paris, j’ai eu l’occasion
de rencontrer des femmes qui portaient tout le costume, si on peut s’exprimer
ainsi, un peu à la façon des femmes québécoises qui prenaient « le
voile » au Québec, dans un passé pas si lointain.
Après une conversation sympathique,
une des musulmanes a esquissé le geste de soulever son voile en disant ravie et
amusée : « pour lui, je le lèverais comme ça! » Elles veulent
parler aux hommes, y compris avec les hommes du
monde occidental et elles n’ont pas de retenue ou de crainte de le
faire. Les plus jeunes abandonnent le
voile; allez vous promenez dans l’arrondissement St-Léonard, toujours à Montréal, où beaucoup d’Arabes habitent.
Sommes-nous disposés à ce
dialogue? Que fait le gouvernement
fédéral –eh oui, il faut en parler- dans la tempête palestino-israélienne où
l’État d’Israël (même si on lui reconnaît le droit d’exister), s’est mis depuis
sa fondation en 1948 à jouer le rôle de gendarme régional pour l’Occident, à
commencer pour l’administration USA; ses dirigeants aspirent à un État
surdimensionné, complètement hors-bornes.
Tout ce qui pouvait être mis en
branle pour détruire les rêves du peuple arabe de Palestine à vivre pacifiquement
s’est soldé par des guerres locales, comme dans la bande de Gaza (sur la
Méditerranée) par exemple. C’est devenu
un ghetto de réfugiés comme on en voit des dizaines à la télé, malgré la
volonté farouche des habitants d’avoir un État fonctionnel : territoire,
économie, compensations pour les dépossédés, capitale à Jérusalem-Est … L’Organisation des Nations Unies (ONU) a
adopté bien des résolutions sur le sujet, mais tant la direction d’Israël et
l’administration US les ignorent.
Le Canada est le principal soutien
des extrémistes de droite d’Israël.
Éventuellement, les travailleurs canadiens, dont ceux du Québec,
sauront, comprendront et jugeront. Dans
le gros bon sens des Québécois : Arabes, Juifs, ou autres, il n’y a pas de
différence, en autant qu’ils veuillent vivre en paix. Mais, pour le grand Capital, les milieux fascisants, les
dirigeants de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), tant qu’il
y aura guerre larvée dans cette partie du monde, aussi longtemps ils pourront
toujours tirer les marrons du feu, contrôler et s’accaparer des ressources
naturelles, dont le pétrole ; menacer la sécurité des autres États; et
ralentir la démocratisation de la vie des peuples de cette importante partie du
monde.
Fairouz vient nous chanter quelque
chose, s’il-te-plaît. Ici, au Québec,
nous sommes de plus en plus nombreux à croire que ces peuples ont beaucoup à
apporter à l’humanité, à notre pays et à Montréal. Déjà, nous disons merci : choukran
jazilan! À nos amis Arabes et Danke schaine! À nos amis Juifs.
Archives : La Vie Réelle, mai
2009
-30-
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