L’AFRIQUE
ET LE MAGHREB
Daniel Paquet
Écoutez, ce n’est pas parce que les mass médias
n’en parlent pas que l’Afrique ne bouge pas; les évènements au Maghreb les ont
forcé à briser la loi du silence sur la Tunisie et l’Algérie. À regret, La
Vie Réelle doit confesser qu’elle n’avait elle-même que peu d’information
sur la vie de ces peuples. Ce qui était
accessible, tous les Montréalais le diront, ce sont les « racontars »
sur ces femmes portant le voile, nées en Algérie, au Maroc ou
en Tunisie; ou encore ces chauffeurs de taxi ou autres employés
subalternes, professionnels dans leur pays d’origine. Ils ont choisi le Canada, mais on ne savait
pas pourquoi. Après tout, côté climat,
le Canada n’est pas une destination balnéaire en plein janvier.
Aussi, ce n’est pas sans surprise, que nous
pouvons lire cette déclaration du Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT), à
l’effet que « la Tunisie vit depuis le 17 décembre 2010 une révolte
populaire contre le chômage, l’exclusion, la pauvreté, la vie chère, l’exploitation
éhontée, la corruption, l’injustice et la tyrannie. Ces protestations populaires sont parties de
la ville de Sidi-Bouzid pour s’étendre à toutes les régions du pays. »
« […] Finalement,
les masses populaires ont compris qu’elles sont dirigées mais pas représentées
et que le système représente « une bande de voleurs », une poignée de
familles qui ont pillé les ressources du pays, l’ont vendu au capital étranger,
qui prive les personnes de leur liberté et de leurs droits, en usant de la
force brutale de l’appareil d’État, transformé en un « État des
familles », afin d’humilier, de soumettre et d’intimider le peuple et le
dissuader de lutter. Transformant la
Tunisie en une grande prison, et faisant de la torture une règle et un moyen de
gouverner. » (Photo Internet : Révolte en Tunisie).
Le PCOT et le PTPD
(Parti du Travail Patriotique et Démocratique, ndlr) sont donc parties prenantes,
parmi d’autres, d’un nouveau mouvement ‘Le Front du 14 Janvier’ « qui
s’emploiera à faire avancer la révolution de notre peuple vers la réalisation
de ses objectifs, et à s’opposer aux forces de la contre-révolution ».
Ils exigent la
formation d’un gouvernement intérimaire qui jouisse de la confiance du peuple
et des forces progressistes militantes politiques, associatives, syndicales et
de la jeunesse; le jugement de tous ceux qui sont coupables de vol des deniers
du peuple, de ceux qui ont commis des crimes à son encontre comme la
répression, l’emprisonnement, la torture et l’humiliation –de la prise de
décision à l’exécution- et enfin de tous ceux qui sont convaincus de corruption
et de détournement de biens publics. D’ailleurs,
le gouvernement transitoire a déjà demandé au gouvernement canadien
l’extradition d’un ressortissant tunisien qui s’est vautré dans cette orgie
criminelle.
Le Front se prononce
pour « la résistance à la normalisation avec l’entité sioniste (autorités
d’Israël, ndlr) et sa pénalisation et le soutien aux mouvements de libération
nationale dans le monde arabe (voir le chapitre suivant sur l’Algérie, ndlr) et
dans le monde entier (le Congo notamment, ndlr). » Ce message a été rendu public en Tunisie, le
20 janvier 2011.
En Algérie
Le Parti algérien pour
la démocratie et le socialisme- PADS (communiste, ndlr) a, lui, déclaré que
« la chute de la dictature du clan Benali en Tunisie, abattue par la
révolte sociale de la jeunesse marginalisée et de l’intifada du peuple, a
redonné espoir dans notre pays à de larges couches de la société dans leur
capacité à arracher la liberté d’expression et d’organisation ». La cherté de la vie aiguillonne le peuple,
ainsi que l’absence de perspectives pour les jeunes et les travailleurs.
Notons aussi que les barons de l’import
« veulent continuer à gaspiller l’argent du pétrole dans l’importation de
biens de luxe pour satisfaire l’appétit insatiable de la minorité des gros
possédants ». Quant aux pays
impérialistes, dont ceux de l’Union européenne (UE), « ils continuent à
manipuler des groupes terroristes islamistes pour justifier leurs ingérences militaires
dans la région au nom de ‘la lutte internationale contre le terrorisme’.
[…] Ils espèrent transformer l’Algérie en
néo-colonie et renforcer par son intermédiaire leur mainmise sur toute
l’Afrique ».
Le pays fait face à un
autre problème, soit celui « de ne pas rééditer l’expérience ruineuse du
plan d’exportations massives de gaz, le plan du ‘Valhyd’ condamnant l’Algérie à
vider ses gisements dans un avenir tout proche ».
(Photo Internet : attentat islamiste
en Algérie).
Et l’opposition? Il faut tenir compte que « le
musellement de la vie politique, sous prétexte de lutter contre le terrorisme,
n’a servi et ne sert qu’à briser toute résistance populaire… » Soulignons que le PADS encourage la lutte
pour « la reconstitution des entreprises publiques pour l’importation et
la distribution des produits alimentaires de base, les médicaments, les
principaux matériaux de construction et équipements, l’élimination des
monopoles privés qui ont accaparé le commerce extérieur; [ainsi que]
l’intensification de la coopération et de l’entraide économiques, culturelles
et militaires avec les pays qui rejettent le diktat de l’impérialisme ».
La République
Démocratique du Congo
Dans la foulée de
cette déclaration du PADS, et à l’occasion du 50ème anniversaire de
l’assassinat du héros national, Patrice Emery Lumumba, et la sortie officielle
du Parti communiste congolais (PCCO), s’est tenu à Kinshasa, le 17 janvier
2011, un important meeting politique qui
lançait ce parti publiquement.
Le discours du
secrétaire général du PCCO comportait une importante partie théorique où il
affirma que « nous, communistes congolais regroupés autour du Parti
communiste congolais, savons que c’est le marxisme qui a tracé pour la première
fois la voie à la lutte de la classe ouvrière ».
Lumumba a démontré de
façon irréfutable qu’il faut faire la révolution selon ses propres convictions
et sous sa propre responsabilité et
qu’il faut résoudre tous les problèmes engendrés pour les processus
révolutionnaires et en toute indépendance, et de façon créatrice. Le PCCO est donc l’émanation de l’esprit du
Uhuru (maître de soi) de P.E. Lumumba.
Pour ce qui est des principes philosophiques du
PCCO, on retrouve « les idées marxistes, léninistes, maoïstes, castristes,
stalinistes… » Mais, le parti s’est
donné la tâche majeure d’appliquer la philosophie marxiste comme loi générale du développement du peuple
congolais. « La notion nouvelle du
monde selon laquelle l’homme domine et transforme le monde n’est acceptable que
si l’on admet l’interprétation matérialiste et dialectique du monde selon
laquelle le monde est formé des matières et ne cesse de se transformer et de se
développer. »
Maintenant, il faut
préciser ce que l’on sait déjà du pays, soit ce que son dirigeant, de 1996 à
1998, L.D. Kabila, disait toujours : « Nous avons le malheur d’être
assis sur des Mines et des richesses ».
La stratégie américaine au Congo s’appuie sur les divisions, les
querelles, les luttes tribales, provoquées et entretenues d’ailleurs par les
‘sociologues’ et ‘psychologues’ américains, partout dans le pays.
William Mennen, ancien
sous-secrétaire d’État américain en 1965, affirmait : « La première
et peut-être la plus importante donnée de base sur le Congo est que ce pays est
le cœur géographique et stratégique de l’Afrique. Ce qui se passe au Congo exerce le plus grand
impact sur tous ses voisins et le reste de l’Afrique. Pour ces raisons, le contrôle du Congo a été
et demeure le point d’appui recherché par beaucoup. Les États-Unis sont intéressés par tout ce qui
se passe au Congo. »
Pour le PCCO,
« le communisme au Congo, est la flamme qui va embraser toute
l’Afrique ».
Des élections auront
lieu cette année, en 2011. Le premier
objectif du parti sera le renforcement des forces autour de Joseph Kabila
Kabange, même s’il ne faut pas se faire d’illusions. Les communistes vont construire leur parti à
travers cette campagne électorale et poseront au premier plan la stratégie
« de la révolution nationale démocratique avec les perspectives du
socialisme à partir de la société congolaise et tout le continent
africain ».
Le Parti communiste
congolais a été fondé le 26 novembre 2009.
Quelques
notes générales sur l’oppression dans les pays du Tiers-Monde
Joseph Staline a relevé le fait que « les
colonies et les pays sous dépendance, opprimés et exploités par le capital
financier, constituent une vaste réserve et une source formidable de forces
pour l’impérialisme; la lutte révolutionnaire des peuples opprimés dans les
pays dépendants et coloniaux contre l’impérialisme est la seule voie menant à
leur émancipation de leur état d’oppression et d’exploitation; les intérêts du mouvement ouvrier dans les
pays développés et le mouvement de libération nationale dans les colonies
appellent à l’union des deux formes du mouvement révolutionnaire au sein d’un
front commun contre l’ennemi commun, l’impérialisme; [la politique du droit à
la sécession des nations opprimées] est le passage obligé pour l’union et la
collaboration des nations au cœur d’un système économique mondial unique, qui
est la base matérielle pour la victoire du socialisme mondial. »
Staline ajoute que « la tendance vers des
relations plus étroites ente nations, surgit comme le résultat de la formation
d’un marché mondial et d’un système économique mondial ». Rien ne peut être plus d’actualité, à l’heure
du néo-colonialisme et de la mondialisation capitaliste des marchés. D’où la nécessité pour les partis communistes
d’éduquer la classe ouvrière et les peuples opprimés dans l’esprit de
l’internationalisme prolétarien ou de solidarité internationale des
travailleurs. Afin de terrasser définitivement « l’Empire », comme
dirait Fidel Castro.
(Photo Internet : Joseph Staline au
Kremlin de Moscou).
On retrouve cette
contribution de Staline sous la référence suivante : J.V. Stalin, The Foundations of Leninism, The
National Question, Foreign Languages Press, Peking, 1975, pages 71-74.
Archives :
La Vie Réelle, 2009
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