samedi 12 août 2017


L’AFRIQUE ET LE MAGHREB

Daniel Paquet

Écoutez, ce n’est pas parce que les mass médias n’en parlent pas que l’Afrique ne bouge pas; les évènements au Maghreb les ont forcé à briser la loi du silence sur la Tunisie et l’Algérie.  À regret, La Vie Réelle doit confesser qu’elle n’avait elle-même que peu d’information sur la vie de ces peuples.  Ce qui était accessible, tous les Montréalais le diront, ce sont les « racontars » sur ces femmes portant le voile, nées en Algérie, au  Maroc ou  en Tunisie; ou encore ces chauffeurs de taxi ou autres employés subalternes, professionnels dans leur pays d’origine.  Ils ont choisi le Canada, mais on ne savait pas pourquoi.  Après tout, côté climat, le Canada n’est pas une destination balnéaire en plein janvier.

intifadha_a_sidi_aissa.jpgAussi, ce n’est pas sans surprise, que nous pouvons lire cette déclaration du Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT), à l’effet que « la Tunisie vit depuis le 17 décembre 2010 une révolte populaire contre le chômage, l’exclusion, la pauvreté, la vie chère, l’exploitation éhontée, la corruption, l’injustice et la tyrannie.  Ces protestations populaires sont parties de la ville de Sidi-Bouzid pour s’étendre à toutes les régions du pays. »

« […] Finalement, les masses populaires ont compris qu’elles sont dirigées mais pas représentées et que le système représente « une bande de voleurs », une poignée de familles qui ont pillé les ressources du pays, l’ont vendu au capital étranger, qui prive les personnes de leur liberté et de leurs droits, en usant de la force brutale de l’appareil d’État, transformé en un « État des familles », afin d’humilier, de soumettre et d’intimider le peuple et le dissuader de lutter.  Transformant la Tunisie en une grande prison, et faisant de la torture une règle et un moyen de gouverner. »                                                                                                                                                    (Photo Internet : Révolte en  Tunisie).

Le PCOT et le PTPD (Parti du Travail Patriotique et Démocratique, ndlr) sont donc parties prenantes, parmi d’autres,  d’un nouveau mouvement ‘Le Front du 14 Janvier’ « qui s’emploiera à faire avancer la révolution de notre peuple vers la réalisation de ses objectifs, et à s’opposer aux forces de la contre-révolution ».

Ils exigent la formation d’un gouvernement intérimaire qui jouisse de la confiance du peuple et des forces progressistes militantes politiques, associatives, syndicales et de la jeunesse; le jugement de tous ceux qui sont coupables de vol des deniers du peuple, de ceux qui ont commis des crimes à son encontre comme la répression, l’emprisonnement, la torture et l’humiliation –de la prise de décision à l’exécution- et enfin de tous ceux qui sont convaincus de corruption et de détournement de biens publics.  D’ailleurs, le gouvernement transitoire a déjà demandé au gouvernement canadien l’extradition d’un ressortissant tunisien qui s’est vautré dans cette orgie criminelle.

Le Front se prononce pour « la résistance à la normalisation avec l’entité sioniste (autorités d’Israël, ndlr) et sa pénalisation et le soutien aux mouvements de libération nationale dans le monde arabe (voir le chapitre suivant sur l’Algérie, ndlr) et dans le monde entier (le Congo notamment, ndlr). »  Ce message a été rendu public en Tunisie, le 20 janvier 2011.

En Algérie

Le Parti algérien pour la démocratie et le socialisme- PADS (communiste, ndlr) a, lui, déclaré que « la chute de la dictature du clan Benali en Tunisie, abattue par la révolte sociale de la jeunesse marginalisée et de l’intifada du peuple, a redonné espoir dans notre pays à de larges couches de la société dans leur capacité à arracher la liberté d’expression et d’organisation ».  La cherté de la vie aiguillonne le peuple, ainsi que l’absence de perspectives pour les jeunes et les travailleurs.

attaque-a-la-bombe-en-algerie_118.jpgNotons aussi que les barons de l’import « veulent continuer à gaspiller l’argent du pétrole dans l’importation de biens de luxe pour satisfaire l’appétit insatiable de la minorité des gros possédants ».  Quant aux pays impérialistes, dont ceux de l’Union européenne (UE), « ils continuent à manipuler des groupes terroristes islamistes pour justifier leurs ingérences militaires dans la région au nom de ‘la lutte internationale contre le terrorisme’. […]  Ils espèrent transformer l’Algérie en néo-colonie et renforcer par son intermédiaire leur mainmise sur toute l’Afrique ».

Le pays fait face à un autre problème, soit celui « de ne pas rééditer l’expérience ruineuse du plan d’exportations massives de gaz, le plan du ‘Valhyd’ condamnant l’Algérie à vider ses gisements dans un avenir tout proche ».                                                    (Photo Internet : attentat islamiste en Algérie).

Et l’opposition?  Il faut tenir compte que « le musellement de la vie politique, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, n’a servi et ne sert qu’à briser toute résistance populaire… »  Soulignons que le PADS encourage la lutte pour « la reconstitution des entreprises publiques pour l’importation et la distribution des produits alimentaires de base, les médicaments, les principaux matériaux de construction et équipements, l’élimination des monopoles privés qui ont accaparé le commerce extérieur; [ainsi que] l’intensification de la coopération et de l’entraide économiques, culturelles et militaires avec les pays qui rejettent le diktat de l’impérialisme ».

La République Démocratique du Congo

Dans la foulée de cette déclaration du PADS, et à l’occasion du 50ème anniversaire de l’assassinat du héros national, Patrice Emery Lumumba, et la sortie officielle du Parti communiste congolais (PCCO), s’est tenu à Kinshasa, le 17 janvier 2011, un  important meeting politique qui lançait ce parti publiquement.

Le discours du secrétaire général du PCCO comportait une importante partie théorique où il affirma que « nous, communistes congolais regroupés autour du Parti communiste congolais, savons que c’est le marxisme qui a tracé pour la première fois la voie à la lutte de la classe ouvrière ».

Lumumba a démontré de façon irréfutable qu’il faut faire la révolution selon ses propres convictions et sous  sa propre responsabilité et qu’il faut résoudre tous les problèmes engendrés pour les processus révolutionnaires et en toute indépendance, et de façon créatrice.  Le PCCO est donc l’émanation de l’esprit du Uhuru (maître de soi) de P.E. Lumumba.

marche_kin_250.jpgPour ce qui est des principes philosophiques du PCCO, on retrouve « les idées marxistes, léninistes, maoïstes, castristes, stalinistes… »  Mais, le parti s’est donné la tâche majeure d’appliquer la philosophie marxiste comme loi  générale du développement du peuple congolais.  « La notion nouvelle du monde selon laquelle l’homme domine et transforme le monde n’est acceptable que si l’on admet l’interprétation matérialiste et dialectique du monde selon laquelle le monde est formé des matières et ne cesse de se transformer et de se développer. »

Maintenant, il faut préciser ce que l’on sait déjà du pays, soit ce que son dirigeant, de 1996 à 1998, L.D. Kabila, disait toujours : « Nous avons le malheur d’être assis sur des Mines et des richesses ».  La stratégie américaine au Congo s’appuie sur les divisions, les querelles, les luttes tribales, provoquées et entretenues d’ailleurs par les ‘sociologues’ et ‘psychologues’ américains, partout dans le pays.

William Mennen, ancien sous-secrétaire d’État américain en 1965, affirmait : « La première et peut-être la plus importante donnée de base sur le Congo est que ce pays est le cœur géographique et stratégique de l’Afrique.  Ce qui se passe au Congo exerce le plus grand impact sur tous ses voisins et le reste de l’Afrique.  Pour ces raisons, le contrôle du Congo a été et demeure le point d’appui recherché par beaucoup.  Les États-Unis sont intéressés par tout ce qui se passe au Congo. »

Pour le PCCO, « le communisme au Congo, est la flamme qui va embraser toute l’Afrique ».

Des élections auront lieu cette année, en 2011.  Le premier objectif du parti sera le renforcement des forces autour de Joseph Kabila Kabange, même s’il ne faut pas se faire d’illusions.  Les communistes vont construire leur parti à travers cette campagne électorale et poseront au premier plan la stratégie « de la révolution nationale démocratique avec les perspectives du socialisme à partir de la société congolaise et tout le continent africain ».

Le Parti communiste congolais a été fondé le 26 novembre 2009.

 

Quelques notes générales sur l’oppression dans les pays du Tiers-Monde

 Joseph Staline a relevé le fait que « les colonies et les pays sous dépendance, opprimés et exploités par le capital financier, constituent une vaste réserve et une source formidable de forces pour l’impérialisme; la lutte révolutionnaire des peuples opprimés dans les pays dépendants et coloniaux contre l’impérialisme est la seule voie menant à leur émancipation de leur état d’oppression et d’exploitation;  les intérêts du mouvement ouvrier dans les pays développés et le mouvement de libération nationale dans les colonies appellent à l’union des deux formes du mouvement révolutionnaire au sein d’un front commun contre l’ennemi commun, l’impérialisme; [la politique du droit à la sécession des nations opprimées] est le passage obligé pour l’union et la collaboration des nations au cœur d’un système économique mondial unique, qui est la base matérielle pour la victoire du socialisme mondial. »

URSS-Staline2011.jpgStaline ajoute que « la tendance vers des relations plus étroites ente nations, surgit comme le résultat de la formation d’un marché mondial et d’un système économique mondial ».  Rien ne peut être plus d’actualité, à l’heure du néo-colonialisme et de la mondialisation capitaliste des marchés.  D’où la nécessité pour les partis communistes d’éduquer la classe ouvrière et les peuples opprimés dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien ou de solidarité internationale des travailleurs. Afin de terrasser définitivement « l’Empire », comme dirait Fidel Castro.                                                         (Photo Internet : Joseph Staline au Kremlin de Moscou).

On retrouve cette contribution de Staline sous la référence suivante : J.V. Stalin, The Foundations of Leninism, The National Question, Foreign Languages Press, Peking, 1975, pages 71-74.

Archives :  La Vie Réelle, 2009

 

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