samedi 22 juin 2019
"Rester silencieux revient à mourir" : en Algérie, la jeunesse reste mobilisée après quatre mois de manifestations
La population s'est mobilisée pour un 18e vendredi de manifestation à Alger, afin de réclamer un changement de système. Franceinfo est allé à la rencontre de ces jeunes révoltés.Des milliers de manifestants se retrouvent sur la place de la Grande Poste à Alger, le 21 juin 2019, pour le 18e vendredi de mobilisation. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)
Envoyé spécial à AlgerClément ParrotFrance Télévisions
Mis à jour le 22/06/2019 | 00:10
publié le 21/06/2019 | 20:59
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Météo : comment expliquer la canicule attendue la semaine prochaine ?
Sous une forte chaleur, des milliers d'Algériens sont descendus une nouvelle fois dans la rue, vendredi 21 juin, pour un 18e vendredi de manifestations à Alger. Après la consigne donnée aux forces de l'ordre par le général Ahmed Gaïd Salah de ne tolérer aucun autre drapeau que "l'emblème national" – ce qui vise implicitement le drapeau amazigh (berbère) – les manifestants ont tenu à démontrer leur unité et leur détermination afin d'obtenir un changement de système.
Pour donner de la voix, le mouvement peut toujours compter sur sa jeunesse, qui reste très mobilisée après quatre mois de manifestations. Voici les témoignages de Billel, Nassira, Merouane, Kenza et Islam.
Billel : "Nous ne resterons pas silencieux"
Billel, un jeune Algérois de 28 ans, dans la rue Didouche Mourade à Alger lors du 18e vendredi de manifestations, le 21 juin 2019. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)
Il est un peu plus de midi quand Billel arrive accompagné de quelques amis sur la rue Didouche-Mourade, près de la place Maurice-Audin, à Alger. "Nous demandons du changement pour nous permettre de progresser dans tous les secteurs, que ce soit politique, social ou culturel", confie ce jeune Algérois de 28 ans. Sur sa pancarte, le message est sans détour : "Nous ne resterons pas silencieux, car rester silencieux revient à mourir."
Atteint d'une maladie génétique rare, le jeune homme est cloué dans un fauteuil roulant. "J'ai du mal à expliquer ma maladie parce que je ne la comprends pas moi-même", glisse-t-il. Il lui est par conséquent difficile de se rendre aux rassemblements, même s'il en a envie. "Je suis seulement venu quatre fois." En descendant dans la rue, Billel se bat aussi pour une meilleure prise en compte des personnes en situation de handicap dans la société algérienne : "Je ne peux pas accéder partout. J'ai du mal à aller dans certains commerces, certains bâtiments comme les cinémas... Et je ne parle même pas de la galère des transports."
Pour se rendre au travail, Billel doit compter sur son père ou mettre la main au portefeuille. Mais l'allocation versée par le gouvernement aux personnes invalides est seulement de 4 000 dinars par mois (moins de 30 euros). "Pour donner un exemple, un taxi de chez moi au travail me coûte déjà 1 000 dinars", s'exaspère le jeune homme. Billel n'a d'autre choix que de compter sur son salaire (environ 40 000 dinars par mois, soit près de 300 euros) pour vivre de manière autonome.
Nassima : "On n'a toujours pas eu l'indépendance"
Nassima se tient près de la place de la Grande Poste à Alger, le 21 juin 2019, lors du 18e vendredi de manifestations en Algérie. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)
"On ne veut plus de ce pouvoir mafieux, on cherche un futur meilleur pour nos enfants", énonce calmement Nassima, venue à la manifestation avec une amie. "Ils tentent de faire des magouilles pour nous diviser, mais nous résistons", s'emporte cette jeune femme de 32 ans, en référence aux déclarations du général Gaïd Salah visant implicitement le drapeau berbère."On n'a toujours pas eu l'indépendance depuis 1962", poursuit-elle.
Il nous faut un changement radical avec une période transitoire à la tête de l'Etat.Nassima, 32 ansà franceinfo
Originaire de la région de Tizi Ouzou, la jeune femme, qui préfère rester discrète sur sa profession liée au monde de la justice, ne lésine pas sur son engagement citoyen. Elle a participé à 16 des 18 manifestations du vendredi. "J'ai même fêté mon anniversaire le 1er mars en pleine manifestation. Bon, pour une fois je n'ai pas soufflé mes bougies", sourit-elle. Mais c'est la marche du 8 mars qui restera dans sa mémoire en raison de l'implication des femmes ce jour-là : "Des jeunes, des vieilles, on est toutes sorties dans la rue avec nos différences, nos traditions culturelles, pour réclamer le changement."
Merouane : "Ils ont perdu les fils des marionnettes"
Merouane scande des slogans hostiles au pouvoir, le 21 juin 2019, dans les rues d'Alger. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)
Depuis le début du mouvement, Merouane, 16 ans, a participé à l'intégralité des 18 manifestations du vendredi et à toutes celles du mardi avec les étudiants. "C'est un devoir ! Chaque citoyen algérien devrait être ici, lance-t-il avec fierté. Notre futur se joue maintenant. On doit récupérer notre destin, car on a déjà perdu soixante ans."
On veut réparer les fautes. On sait comment faire, il faut faire confiance à la jeunesse. Merouane, 16 ansà franceinfo
Le jeune homme arbore deux insignes sur sa chemise, l'un avec le drapeau algérien et l'autre avec les couleurs du drapeau berbère amazigh. Le général Gaïd Salah "ne peut rien dire, c'est un militaire, il doit rester à la caserne. Moi, je suis fier. Ce sont nos origines, on a plus de 2 900 ans d'histoire derrière nous." Merouane passera le bac l'an prochain et il a déjà une idée de ce qu'il veut faire après. "J'aimerais être à la fois ingénieur électronique, journaliste et politicien." Un peu trop ambitieux ? "C'est la moralité de ce mouvement, tout va devenir possible pour les jeunes Algériens", répond-il avec optimisme.
En attendant de voir ses rêves se réaliser, Merouane s'intéresse à l'actualité. Il a d'ailleurs discuté des "gilets jaunes" ces derniers mois avec des amis français et se souvient de leurs craintes de voir le mouvement récupéré par l'extrême droite. "Ici aussi des gens tentent de tirer les ficelles, mais ils ont perdu les fils des marionnettes."
Kenza : "Il y a beaucoup trop de corruption"
Kenza s’arrête le temps d’une photo dans la rue Didouche-Mourane, le 21 juin 2019 à Alger. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)
"Nous manifestons pour nos droits, pour que nous soyons libres et pour que le système dégage", souffle Kenza de sa petite voix. Cette jeune femme de 24 ans est venue marcher dans les rues d'Alger avec ses parents, comme presque tous les vendredis. "J'en ai fait 15 sur 18", sourit-elle.
Infographiste, Kenza a monté récemment sa petite entreprise pour ne pas avoir à dépendre d'un patron, mais elle fustige les lourdeurs administratives de son pays : "Le moindre papier prend beaucoup trop de temps, que ce soit pour les impôts, pour obtenir un crédit à la banque... Cela peut demander deux, trois ou cinq mois. Le système est mal géré et il y a beaucoup trop de corruption." La jeune entrepreneuse a désormais une idée précise de ce qu'elle voudrait pour le futur politique de son pays : "Place à la jeunesse, avec un président qui aurait 45 ans ou moins et qui serait bien sûr élu démocratiquement."
Islam : "Je veux donner de la visibilité aux problèmes des Algériens"
Islam parcourt la place de la Grande Poste avec son appareil photo à la main, le 21 juin 2019, à Alger. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)
Juché sur le rebord de l'entrée d'une station de métro, Islam prend en photo une charge policière. "Les policiers frappent les Algériens qui ont un drapeau amazigh", s'indigne-t-il. Ce jeune de 18 ans, qui doit lui aussi passer le bac l'an prochain, publie sur une page Facebook des photos et des vidéos des manifestations, et ce depuis le premier jour du mouvement. "Je veux donner de la visibilité à ces marches et aux problèmes des Algériens, explique le jeune Algérois. Il faut que l'on change de gouvernement. Ce sont tous des voleurs."A LIRE AUSSI
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1 Commentaire
Il y a 3 heures
shaïtan
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Je proteste, je m'insurge, je vais manifester.
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mardi 18 juin 2019
samedi 15 juin 2019
jeudi 13 juin 2019
Capitale d'Israël à
Jérusalem : les pays arabes haussent le ton
Par latribune.fr | 01/06/2019
L'Organisation de la coopération islamique (OCI),
réunie en sommet à La Mecque, en Arabie saoudite, a condamné samedi toute
démarche visant à soutenir l'occupation prolongée des territoires palestiniens,
notamment la décision des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale
d'Israël. Cette décision de Washington, annoncée en décembre 2017 par Donald
Trump, avait provoqué une réunion en sommet extraordinaire de l'OCI qui avait
déjà rejeté à l'époque la position du président américain.
Mesures contre les pays transférant leur ambassade à Jérusalem
Dans le communiqué final publié à l'issue du
sommet, l'OCI, qui regroupe une cinquantaine de pays musulmans, dit s'opposer à
toutes les mesures illégales prises par Israël dans le but de modifier les
faits dans les territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem, et de nuire à
une solution à deux Etats. L'OCI appelle tous ses membres à prendre les "mesures
appropriées" contre les pays ayant déplacé leur ambassade à
Jérusalem, comme l'ont fait les Etats-Unis avant d'être imités par plusieurs
pays d'Amérique latine notamment.Bas du formulaire
mercredi 12 juin 2019
mardi 11 juin 2019
6/11/19 4:11 PM
Sudan, Sudanese Communist Party Ar Africa Communist and workers' parties
Events
May 17, 2019 - May 21, 2019 - Toronto, Canada 39th Convention of CP of Canada
June 8, 2019 - June 10, 2019 - Bergen, Norway30th Party Congress of CP of Norway
June 8, 2019 - Izmir, Turkey Meeting of the WG of the IMCWP
June 15, 2019 - June 16, 2019 - Porvoo, Finland Communist Party of Finland (SKP) Party Congress
June 21, 2019 - June 23, 2019 - Chicago, Illinois USA Thirty First National Convention and 100 year celebration of the Communist Party USA
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http://www.solidnet.org - News, documents and calls for action from communist and workers' parties. The items are the responsibility of the authors.
lundi 10 juin 2019
Tramway
de Jérusalem: Des entreprises françaises contribuent à la colonisation
israélienne du territoire palestinien occupé
Résumé
exécutif
2. Il « considère que toutes les mesures et dispositions législatives et
administratives prises par Israël, la puissance occupante, qui ont modifié ou
visent à modifier le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem […]
sont nulles et non avenues et doivent être rapportées immédia- tement ».
3. Le principe directeur 7 traite des défis particuliers que posent les
zones touchées par un conflit. http ://www.ohchr.org/Documents/ Publications/GuidingPrinciplesBusinessHR_FR.pdf.
De plus, en juin 2014, le groupe de travail des Nations Unies sur la question
des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises a
rappelé l’obligation des entreprises de prendre des mesures additionnelles pour
protéger contre les atteintes aux droits humains dans des zones touchées par
des conflits. http://www.ohchr.org/ Documents/Issues/Business/OPTStatement6June2014.pdf.
La colonisation israélienne du territoire palestinien occupé débute dès la fin
de la guerre de juin 1967 avec l’occupation de la Cisjordanie, dont la partie
palestinienne de Jérusalem. Elle reste la question majeure qui empêche toute
avancée dans le règlement de la question palestinienne vers la paix. La
colonisation est déclarée illégale par le droit international à travers un
ensemble de textes, depuis les Conventions de Genève de 1949 qui interdisent à
tout état occupant de déplacer sa population dans l’état occupé, jusqu’à la
dernière résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU n° 2334 du 23 décembre
2016, qui après avoir rappelé l’illégalité des colonies, enjoint aux États
membres « de faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le
territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ». La
colonisation prend une dimension particulière à Jérusalem-Est : la « réunification
» proclamée par la Loi de Jérusalem en 1980 a donné lieu à un ensemble de plans
et schémas directeurs successifs qui se traduisent aujourd’hui par la présence
de 15 colonies qui regroupent environ 215 000 colons, au cœur du territoire et
de la population palestinienne. La décision américaine prise en décembre 2017,
de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et d’y transférer son
ambassade, constitue une violation de la résolution 478 (1980) du Conseil de
sécurité sur le statut de Jérusalem. Cette décision incite également le
gouvernement israélien à poursuivre sa surenchère, sur le plan législatif
interne (vote d’une nouvelle loi fondamentale), et avec la construction de
nouveaux logements et infrastructures. Parmi les infrastructures mises en œuvre
par les gouvernements israéliens successifs au service de leur politique
d’appropriation de Jérusalem-Est, la réalisation d’un réseau de tramway a été
engagée depuis plusieurs années, avec pour finalité de relier à Jérusalem-Ouest
les colonies israéliennes implantées sur les terres palestiniennes de
Jérusalem-Est, et ainsi, à la fois, d’effacer la ligne verte, frontière entre
les parties israélienne et palestinienne de la ville, et de favoriser le
développement de ces colonies illégales. C’est à cette « entreprise de
colonisation » que participent des entreprises françaises, en contradiction
avec le droit international, avec la politique affirmée de la France, et avec
leurs engagements en matière de droits de l’homme. La responsabilité spécifique
des entreprises existe indépendamment des capacités ou de la détermination des
États de remplir leurs propres obligations en matière de droits humains. Selon
lesPrincipes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de
l’homme ainsi que les Principes directeurs de l’OCDE, les entreprises
sonttenues de respecter les droits humains partout où elles opèrent. Cette
responsabilité fait référence à l’ensemble des droits humains reconnus
internationalement. Les entreprises opérant dans des zones touchées par des
conflits, ainsi que dans les situations d’occupation, doivent faire preuve
d’une diligence raisonnable accrue en matière de droits humains et éviter de
contribuer à des violations des droits humains, y compris celles commises par
leurs fournisseurs ou relations d’affaires. Le présent rapport, réalisé par
plusieurs organisations met en lumière et dénonce la participation des sociétés
Systra – partie des groupes publics SNCF et RATP – et Egis-Rail – du groupe
public de la Caisse des Dépôts et Consignations – à la réalisation de trois
nouvelles lignes du tramway, qui relient la partie israélienne de la ville aux
colonies israéliennes illégales implantées dans la partie palestinienne de la
ville, au travers de contrats passés par ces sociétés avec la municipalité de
Jérusalem et l’État d’Israël. Ce rapport met également en cause la société
Alstom, acteur majeur de la réalisation de la première phase du tramway, qui
poursuit son engagement dans le réseau existant et soumissionne aux appels d’offres
P4 P5 pour la réalisation de ces nouveaux projets. Les organisations
signataires de ce rapport ont demandé à ces entreprises de se conformer aux
principes internationaux sous-mentionnés en cessant toute activité qui
contribue à la colonisation israélienne. Elles ont également demandé à maintes
reprises aux ministères français des Affaires étrangères et de l’Économie et
des finances d’intervenir auprès de ces entreprises pour les inciter à se
désengager de ces contrats. À ce jour, en dépit des atteintes évidentes aux
droits de l’homme, ces démarches auprès des entreprises comme de l’État sont
restées sans effet. Pourtant de nombreuses institutions et entreprises,
européennes et américaines, ont refusé de s’engager dans des contrats4 ou ont
mis fin à leurs engagements financiers5 , en annonçant explicitement que ce
retrait traduisait le refus de contribuer à la colonisation israélienne du
territoire palestinien. En France même, les ministères concernés étaient
intervenus en mars 2015 auprès de la société Safège, filiale ingénierie du
groupe Suez, qui avait aussitôt mis fin au contrat d’études passé pour la
réalisation d’un téléphérique urbain à Jérusalem. Il convient enfin de rappeler
que le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, en application de sa résolution
de mars 2016, travaille à l’établissement d’une base de données des entreprises
qui violent le droit international en participant activement à la colonisation
du territoire palestinien occupé6 .
4. Royal Haskoning entreprise néerlandaise d’ingénierie, pour la
conception d’une usine de traitement des eaux usées à Jérusalem-Est avec la
municipalité israélienne de Jérusalem (en 2013); Vitens, le plus grand
fournisseur d’eau des Pays-Bas, société à capitaux entièrement publics, pour un
projet avec la société israélienne Mekorot qui, outre le marché israélien, a un
quasi-monopole de la gestion de l’eau en Cisjordanie. Et Deutsche Bahn en 2011
pour le train Tel-Aviv-Jérusalem qui traverse le territoire palestinien occupé
https ://www. ft.com/content/4b6b59fc-7a4b-11e0-bc74-00144feabdc0.
5. Fonds de pension néerlandais PGGM/PFZW, Fonds de pension
luxembourgeois FDC, Fonds de pension du gouvernement norvégien, Danske Bank,
Fonds de pension de l’église méthodiste américaine.
8. Les Principes directeurs des Nations unies abordent la question des
liens particuliers entre les États et certaines entreprises qui leur
appartiennent ou sont contrôlées par eux. D’après ces Principes, « les États
devraient prendre des mesures plus rigoureuses pour exercer une protection
contre les violations des droits de l’homme commises par des entreprises qui
leur appartiennent ou sont contrôlées par eux, ou qui reçoivent un soutien et
des services conséquents d’organismes publics [ ] y compris le cas échéant en
prescrivant l’exercice d’une diligence raisonnable en matière de droits de
l’homme », et « plus une entreprise est proche de l’État, ou plus elle dépend de
l’autorité statutaire ou du soutien des contribuables, plus la logique suivie
par l’État devient déterminante pour assurer que l’entreprise respecte les
droits de l’homme ». Dans son avis de juin 2014, le Groupe de travail des
Nations unies a également rappelé l’obligation des États de prendre des mesures
additionnelles pour protéger contre les atteintes aux droits humains par les
entreprises possédées ou contrôlées par l’État.
9. Avis du ministère des Affaires étrangères
http ://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/israel-territoires-palestiniens/
. Le gouvernement français est
responsable de ces violations du droit à trois niveaux : en vertu de l’obligation de droit international [protéger,
respecter, réaliser les droits de l’homme, ne pas reconnaître comme licite une
situation créée par une violation grave du droit international, ni prêter aide
ou assistance au maintien de cette situation, coopérer pour y mettre fin] ; en vertu de l’obligation de protéger contre les violations
des droits de l’homme par des tiers, ici les entreprises concernées ; en vertu de l’existence d’un lien particulier entre l’État et
les entreprises concernées, en tant que tuteur des établissements publics que
sont la SNCF, la RATP, et la Caisse des dépôts et consignations, respectivement
maisons mères des entreprises Systra et Egis8 . Les organisations signataires
demandent : aux trois sociétés, Systra, Egis
et Alstom et à leurs actionnaires SNCF, RATP et Caisse des Dépôts et
Consignations : - de mettre fin aux contrats passés avec les autorités
israéliennes pour la réalisation du tramway de Jérusalem, - de s’engager
publiquement à exclure de leurs opérations tout projet qui contribuerait à la
colonisation israélienne dans le territoire palestinien occupé, directement ou
indirectement ; à l’État français : - de prendre
toutes les mesures pour que les trois opérateurs publics, SNCF, RATP et CDC,
mettent fin aux contrats signés dans le cadre de la mise en œuvre du tramway de
Jérusalem, par les sociétés qu’ils contrôlent, Systra et Egis, - de prendre
toute mesure pour prévenir toute participation ou investissement d’entreprises
françaises qui contribuerait à la colonisation israélienne, et à cet effet de
renforcer les « recommandations » déjà faites aux entreprises dans l’avis de
juin 20149 . Plus généralement, elles demandent : de
respecter ses obligations internationales, notamment celles résultant de
violation de normes impératives du droit international par Israël et celles de
protéger, respecter et mettre en œuvre les droits de l’homme ; de mettre en œuvre les principes directeurs des Nations Unies
relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme et de s’assurer que les
sociétés sous sa juridiction (et en particulier les entreprises publiques), ne
nuisent pas à la pleine réalisation des droits fondamentaux en France et à
l’étranger ; de faire respecter la loi
concernant le devoir de vigilance des entreprises mères et donneuses d’ordre ; de soutenir, aux Nations Unies, le processus pour l’élaboration
d’un traité international sur les droits humains et les entreprises
transnationales et autres entreprises.
Appuyé par le Parti communiste des Ouvriers de France (ref. La Forge, juin
2019)
dimanche 9 juin 2019
2500 années de présence juive en Afrique du Nord,
un monde qui s'éteint
Les traces d'une
présence juive sur les côtes méditerranéennes de l'Afrique remonte à la haute
Antiquité. Elle précède d'au moins neuf siècles la conquête arabe et
l’islamisation de l'Afrique.
Juif originaire de Libye en prière dans une
ancienne synagogue de Tripoli, aujourd'hui à l'abandon. 38 000 juifs libyens
ont été expulsés par le colonel Kadhafi en 1969. La plupart des synagogues du
pays ont été détruites ou converties en mosquées. (SUHAIB SALEM / X90014)
Mis à jour le 09/06/2019
On retrouve les premières traces d'une présence juive à Carthage
(aujourd'hui la banlieue de Tunis), ville fondée par les Phéniciens au
VIIe siècle avant J.-C. Quatre siècles plus tard, cette cité portuaire
florissante devient une rivale de Rome en termes de commerce, de richesse et de
population. Non loin de Carthage, les juifs de Djerba arrivent au VIe siècle
avant J.-C., fuyant la Judée après la destruction du Premier temple par
Nabuchodonosor. C’est en 586 avant J.-C. à Djerba, où quelques milliers de
juifs trouvent refuge, que commence la construction de la plus vieille
synagogue du continent africain (la Ghriba).
Stèle funéraire écrite en grec,
épitaphe d'un rabbin nommé Caecilianos, retrouvée dans les ruines de Volubilis,
près de la ville marocaine de Meknès. Ces ruines romaines datent du Ier siècle
avant J.-C. (MANUEL COHEN / MANUEL COHEN)
Les juifs arrivent à Carthage avec les
Phéniciens... et les Romains
Des mosaïques représentant des chandeliers à 7 branches (symbole du
judaïsme) ont également été découvertes dans une villa (lors de travaux de
voirie) à 110 km au sud de Tunis. Selon les archéologues, ces vestiges
constituent une preuve supplémentaire d’une présence juive dans la région de
Cap Bon entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C.
Le premier compte-rendu historique évoquant la présence de juifs dans
une région à l’ouest de l’Egypte apparaît dans l’œuvre de Flavius Josèphe.
L'historiographe romain écrit dans La
guerre des juifs qu’au IIIe siècle avant J.-C., 100 000 juifs furent
déportés d’Israël en Egypte. De là, ils se rendirent en Cyrénaïque (est de la
Libye actuelle) et probablement plus à l'Ouest.
Dans ces régions, ils "côtoyèrent" durant plusieurs siècles
les populations berbères, qu’ils ont parfois même judaïsées. Cette population
"judéo-berbère" longera l’Atlas saharien pour finalement se
fractionner et se fixer au Mzab, au Touat, Tafilalet, Dra’ et Sous (sud
algérien et marocain d'aujourd'hui).
A partir du IVe siècle, le christianisme devient religion de l’empire
romain. Il relègue dès lors le judaïsme au nord et au sud de la
Méditerranée. Cependant, des communautés juives subsistent dans les
périphéries de l’empire.
Saint Augustin témoigne de la présence juive au
Maghreb
Tertullien, puis Saint Augustin, témoignent à plusieurs reprises de la
présence juive au Maghreb, dans de grandes discussions théologiques et
liturgiques qui les opposent au judaïsme au sud de la Méditerranée (mais qui
les rapprochent aussi face "aux
païens").
Ils évoquent notamment dans leurs écrits "le
prosélytisme juif" (de cette époque) envers les Berbères "qu’ils
judaïsent en masse". Ces judéo-berbères et ces chrétiens opposeront
par la suite une farouche résistance à l'envahisseur arabe. Ibn Khaldoun, le
grand historien arabe du XVe siècle, relate que "lorsque
les armées venues d'Arabie ont pénétré en pays berbère, de nombreuses tribus
berbères étaient influencées par le judaïsme. (...) Une
partie des Berbères pratiquait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de
leur puissants voisins, les israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs,
on distinguait les Djeroua, tribu qui habitait l’Aurès et à laquelle
appartenait la Kahina, femme qui fut tuée par les Arabes à l’époque des
premières invasions (VIIe siècle)."
Les tout premiers habitants juifs du Touat et Gourra (situées à la
frontière algéro-marocaine) seraient arrivés plus tard, au IXe siècle, en
provenance de Mésopotamie. La réalisation de foggaras (canalisations d’eau
souterraines qui évitent l’évaporation) au Touat en témoigne, selon les
archéologues. C’est également par la littérature talmudique, que les historiens
peuvent aujourd’hui retracer les différentes communautés juives dispersées
autour de la Méditerranée. Les rabbins sont engagés dans des correspondances et
des discussions juridiques et religieuses qui traversent l’ensemble du
Maghreb.
Les Almohades détruisent le judaïsme maghrébin
En 1147, les Almohades s’emparent du Maghreb et de l'Andalousie et sont
sans pitié envers ceux qui refusent de se convertir à l’islam. Ils ne leur
laissent le choix qu'entre la conversion à l'islam et la mort, ce qui, après un
siècle de persécutions, entraîne la disparition de nombre de communautés
juives. Les grandes villes comme Kairouan sont alors interdites aux juifs,
qui se réfugient dans les régions isolées.
Le rabbin Abraham Ibn Ezra (1092-1167) originaire de Cordoue énumère,
après une longue traversée de l’Afrique du Nord, l’étendue du désastre qui
frappe les juifs de Kairouan, Sfax, Gabès et Meknès, massacrés juste avant ceux
de Fès et Marrakech. "Avant la destruction de sa
communauté juive par les Almohades vers 1150, Sijilmassa, située dans le
Tafilalet au carrefour des caravanes, était un centre important de la
civilisation juive. (...) Une cité de sages et d’études talmudiques qui
maintenait une correspondance avec les Yéchivas de toute la Méditerranée", relate le rabbin
andalou. Au XIIe siècle, le judaïsme maghrébin manque de disparaître.
Hassan el-Wazzan, dit Léon l’Africain, de passage dans le "sud
algérien", annonce que l’aventure du petit royaume juif saharien du Touat
a été brutalement interrompue en 1492 par un prédicateur musulman venu de
Tlemcen, scandalisé de voir à Tamentit des "juifs
arrogants" auxquels n’est pas appliqué, comme dans le reste du Maghreb, le
statut (infamant) des dhimmis (minorités du Livre soumises aux vexations et à
la dîme). Ce prédicateur ordonne la destruction des synagogues de Tamentit et
le massacre des juifs, promettant 7 mithqals d’or par tête de juif assassiné.
Les rares rescapés se partageront entre une adhésion à l’islam et un exode
massif à travers le Sahara, tant vers le Nord que vers le Sud… Certains,
chrétiens persécutés compris, se réfugieront en Castille et en Aragon, en
Sicile, d’autres sans doute dans la région de Tombouctou (actuel Mali).
Le judaïsme revit en Afrique du Nord grâce à l’arrivée massive des juifs
espagnols et portugais, chassés par les persécutions de
l’Inquisition, sur les côtes du Maroc et d’Algérie. Ce
qui reste des communautés juives du Maghreb sera grossit par ces
expulsés d’Espagne et du Portugal, entre les XVe et XVIe siècles. Les familles
portant les noms de Toledano, Cordoba, Berdugo témoignent de ces racines
ibériques.
Cimetière juif de Tanger (nord du
Maroc), où sont enterrés les nombreux juifs expulsés d'Espagne et du Portugal entre
les XVe et XVIe siècles. (CREATIVE TOUCH IMAGING LTD / NURPHOTO)
Les juifs expulsés d'Espagne sauvent le judaïsme
nord-africain
Cette élite érudite d’éducation andalouse finit par imposer sa
suprématie culturelle et économique aux juifs du Maghreb. Parlant plusieurs
langues, ces négociants sont en contact avec les autres ports de la
Méditerranée. Ces juifs espagnols se distinguent parfois des juifs
"indigènes", comme à Tunis, où ils forment une communauté à part. En
Tunisie, on retrouve les familles Lumbroso, Cartoso, Boccara, Valensi venues
pour la plupart de Livourne, en Italie.
Des quartiers juifs séparés existent un peu partout au Maghreb,
notamment au Maroc (mellah). En passant à la fin du XVIe siècle sous
l’administration ottomane de Souleymane le Magnifique, les choses iront alors
un peu mieux pour les juifs du Maghreb.
La colonisation française à partir de 1830 finit de détacher les juifs
de leurs voisins musulmans. La "France des Lumières et républicaine", plus
protectrice que l’islam, libère les juifs de leur statut inférieur (dhimmis) de
servitude. Le décret Crémieux accorde la nationalité française aux juifs
d’Algérie en 1870. Désormais français, ils vont combattre durant la guerre de
14-18 aux Dardanelles ou au Chemin des dames.
La fin d'une histoire
Beaucoup quittent le Maroc et la Tunisie en 1948 pour Israël, d'autres
préfèrent le Canada ou les Etats-Unis. La plupart des juifs d'Algérie seront
"rapatriés" en France métropolitaine où ils n'ont, le plus souvent,
jamais mis les pieds. Les derniers contingents seront "chassés" par
les indépendances algérienne, marocaine et tunisienne dans les années
60. Moins de 5000 juifs vivent aujourd’hui au Maroc, en Algérie et en
Tunisie... Ils étaient encore près de 700 000 dans les années 50.
Ce judaïsme nord-africain a aujourd'hui quasiment disparu. Il survit
encore dans la tête de quelques témoins vivants. Comme le disait Paul Valery, "nous
savons que les civilisations sont mortelles". La vieille
culture juive du monde arabe est sur le point de s'éteindre définitivement.
samedi 8 juin 2019
Netanyahou
perd les élections remportées
Pour la première fois dans l’histoire d’Israël, le
vainqueur de l’élection n’a pas réussi à former un nouveau gouvernement dans le
délai légal de 42 jours. De nouvelles élections sont maintenant prévues
pour le 17 septembre.
C’est une mauvaise nouvelle pour le Premier
ministre sortant Benjamin Netanyahou, qui fait l’objet de plusieurs poursuites
pour corruption. Il souhaitait donc faire adopter par le Parlement des
lois lui conférant l’immunité à l’égard de ces poursuites.
Le plan de paix pour le Moyen-Orient
Mais c’est aussi une mauvaise nouvelle pour Donald
Trump. Il espérait annoncer son plan de paix pour le Moyen-Orient une fois
que le nouveau gouvernement israélien aurait prêté serment. Ce plan devait être présenté à Bahreïn à la fin du mois
prochain. Mais cela doit maintenant se produire en
l’absence d’une délégation palestinienne, qui ne veut rien savoir du plan
depuis que les États-Unis ont déplacé leur ambassade à Jérusalem. En
outre, c’est un gouvernement des affaires courantes, sans mandat clair, qui
représentera Israël lors de la présentation. Ce n’est pas une situation
idéale. Selon Dan Shapiro, ambassadeur en Israël sous l’administration
Obama, le plan pourrait donc avorter.
« Personne dans la région n’en
veut. Netanyahou n’en voulait pas avant les élections d’avril et ne le
voudra plus avant celles de septembre maintenant. On ne peut pas le
présenter pendant les négociations de coalition. Alors cela nous amène en
novembre. À ce moment-là, la réélection de Trump deviendra un facteur
politique. »
Les initiés pensent que le plan veut faire oublier
aux Palestiniens leurs ambitions pour leur propre État en leur promettant des
milliards d’investissements.
Un gouvernement d’union nationale, mais
sans Premier ministre Netanyahou
Le chef de l’opposition, Benny Gantz, a quant à lui
laissé la porte ouverte à un gouvernement d’union nationale. Ce dernier
serait formé entre sa coalition bleue et blanche (Kachol Lavan) et le parti
Likoud de Netanyahou. Mais cela n’est possible que si Netanyahou ne
réclame pas le poste de Premier ministre. Est-ce un scénario réaliste ? Il
faudra attendre pour voir ce qui se passera en septembre. La chance que le
Likoud remporte les élections aussi en septembre n’est pas
négligeable. Mais le fait que Netanyahou ait été le premier à ne pas
former de gouvernement peut être interprété par le reste de son parti comme un
signe que son ère de gloire arrive à expiration.
Israël : où est-ce que ça a mal tourné
?
Un accord devait garantir à Netanyahou un cinquième
mandat gouvernemental. Mais il y avait une grande division entre le parti
ultranationaliste Yisrael Beitenou de l’ancien ministre de la Défense Avigdor
Lieberman et le Judaïsme unifié de la Torah.
Le différend portait principalement sur le
service militaire. Lieberman veut que les juifs ultra-orthodoxes, comme
tous les citoyens israéliens, fassent leur service militaire obligatoire. Le
Judaïsme unifié de la Torah, cependant, souhaite que les étudiants d’un
séminaire juif bénéficient d’une exemption. Cela a toujours été le
cas depuis la fondation d’Israël, il y a plus de soixante-dix ans.
Ce différend a bloqué les conversations en vue de
la formation d’un nouveau gouvernement. En Israël, tout nouveau gouvernement
doit avoir été formé dans les 42 jours suivant les élections. Or, ce délai a
expiré mercredi soir.
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