jeudi 22 février 2018

Palestine. Mahmoud Abbas demande une conférence internationale

Jeudi, 22 Février, 2018
L'Humanité

Photo Jewel Samad/AFP
Photo Jewel Samad/AFP
Échaudé par l’attitude des États-Unis, le président palestinien veut un mécanisme multilatéral et la reconnaissance de l’État de Palestine.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est exprimé devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Une communication inhabituelle qui marque la dégradation de la situation sur le terrain et le blocage politique du dossier israélo-palestinien. Le soutien des États-Unis à Israël, s’il n’est pas nouveau, n’a jamais tourné le dos aux résolutions internationales avec autant de morgue que depuis l’installation de l’administration Trump. Pour preuve, la reconnaissance récente de Jérusalem comme capitale d’Israël par Washington.
Lors de sa longue et rare intervention, le président palestinien a demandé aux 55 pays n’ayant pas reconnu l’État de Palestine sur les 193 composant les Nations unies de le faire. « Nous reviendrons au Conseil de sécurité et demanderons à avoir cette protection » d’une reconnaissance pleine et entière d’un État. « Reconnaître l’État de Palestine ne va pas contre des négociations » mais les favorise, a-t-il souligné, tout en demandant : « Le gouvernement de Donald Trump n’a pas éclairci sa position. Est-il favorable à un État ou deux États ? »

« Aidez-nous ! », à l’adresse du Conseil de sécurité

Le président palestinien a également pris acte de l’attitude des Américains, disqualifiés dès lors pour servir de médiation unique. « Il est essentiel de créer un mécanisme multilatéral grâce à une conférence internationale » pour avoir la paix au Proche-Orient, a-t-il lancé. Cette conférence dans un lieu non précisé réunirait Israéliens et Palestiniens, les cinq permanents du Conseil de sécurité, le Quartette (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU) et des pays de la région.
« Aidez-nous ! », a imploré le président palestinien aux 15 membres du Conseil de sécurité. Il a ensuite quitté la salle sous les applaudissements, n’assistant ni à l’allocution de l’ambassadrice américaine, Nikki Haley, ni à celle de son homologue israélien, Danny Danon. Son départ a été déploré par les deux diplomates. « Nous n’allons pas vous courir après ! » a lancé Nikki Haley. Pour Benyamin Netanyahou, l’allocution de Mahmoud Abbas n’apporte « rien de neuf ». Dans un communiqué, il a jugé que le président palestinien « continuait de fuir la paix » (sic).

Les États-Unis campent sur leurs positions

Les États-Unis campant sur leurs positions, les Palestiniens doivent impérativement élargir le champ des intervenants dans ce dossier, même si la géopolitique et les conditions régionales ne jouent pas en leur faveur. On retiendra cependant l’intervention de François Delattre, représentant de la France au Conseil de sécurité, qui a d’abord souligné que « le faux statu quo sur le terrain recouvre en réalité une dégradation quotidienne, liée notamment à la colonisation et plus généralement à l’occupation israélienne », tout en pointant l’utilisation de la violence par certains groupes. « Si le conflit israélo-palestinien est aujourd’hui le plus ancien de ceux qui déchirent le Moyen-Orient, c’est aussi le seul dont la solution soit aussi largement connue et partagée », a-t-il relevé. « Sur la méthode, nous accueillons avec intérêt les propositions formulées aujourd’hui par le président Abbas et sommes ouverts pour étudier une évolution des formats d’accompagnement international du processus de paix », a-t-il encore dit. Si la France, comme elle le laisse entendre, souhaite jouer un rôle constructif pour la paix, elle devrait dès à présent reconnaître l’État de Palestine. Ce serait un signal fort au sein de l’Union européenne, et surtout, cela marquerait une véritable indépendance de comportement vis-à-vis des États-Unis et d’Israël. P. B.
Grand reporter

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